vendredi 20 novembre 2009

On a tous déjà rêvé...

d'être perdu dans un immense tas de nichons.
























(Cliquotte dessus.)

(Sauf si t'es trop jeune.)

lundi 16 novembre 2009

La Grande Histoire sans fin de Nom, troisième feuillet.

Image-résumé de l'épisode précédent :

Il s'évertua dès lors à passer des nuits et des jours entiers à plonger ses pieds nus et crasseux dans la mare du jardin, prétextant devoir les laver, et s'octroyant de la sorte des centaines d'heures de repos et de tranquillité tout propices à l'élaboration de nouveaux stratagèmes machiavéliques.


Avant que la descendance de Georges ne passe au four, ce dernier avait fait la rencontre plus ou moins volontaire d'une douce prostituée hongroise, laquelle, particulièrement féconde, mit bas quatre garçons et un poulain en un seul accouchement. Le premier à avoir osé sortir son petit visage de l'utérus de sa mère fut celui qui devint le plus fort ; on le baptisa Georges Aussi, mais lui-même préférait se nommer Le Gendre. Le second, moins aventurier mais plus analyste que son aîné, reçut pour nom Georges Aussi Aussi, et le garda. Le troisième mourrut peu de temps après qu'on l'eût nommé Jean-Yves. Le quatrième fut appelé Jean-Yves Aussi, et resta nain jusqu'à sa mort. Après ces quatres accouchements difficiles, la prostituée crut au répit. Elle demanda un congé maternité qu'elle obtint rapidement, et joua aux échecs avec Georges pendant huit jours. Ce n'est qu'au bout de ces huit jours qu'elle pondit un poulain qui s'était égaré dans son ventre. Elle partit le vendre au marché, en tira un bon prix, pis termina sa partie d'échecs. Le lendemain, Georges partit avec ses trois rejetons, bien rangés dans un petit paquet bleu, et quitta la Hongrie, rejoignant ses terres natales.

Le Genre grandit donc dans la même ferme qui avait vu son père éduquer fermement son oncle. Rapidement, il développa une violence hors-normes, cassant et tuant tout de ses poings en acier. Son père n'essayait plus de l'arrêter ; ses deux petits frères non plus, étant plutôt occupés à brouter l'herbe du jardin des voisins. En les voyant, il arrivait à Georges de regretter amèrement son petit poulain, qu'il imaginait alors grand et beau, assis à un beau secrétaire de chêne, une petite paire de lunettes aux montures dorées sur les yeux, plein d'esprit et d'artistique mélancolie, en train de rédiger avec souffrance les mémoires de sa vie d'orphelin vendu sur la place du marché de Budapest. Mais aux lieu de fils spirituels, il n'avait su mettre au monde qu'un tas d'infâmes bestiaux. Le Gendre, cependant, prouva par sa carrière qu'il était le moins idiot des trois mulets.

Un jour d'automne – il avait à peine trois et deux font cinq ans – alors qu'il jouait avec Georges Aussi Aussi dans le jardin du fond, un grand imbécile venu d'on ne sait quelle contrée vînt l'ennuyer avec un tas de marchandises aussi inutiles qu'une poignée de porte en laiton ou un rasoir à manivelle, qu'il voulait vendre à bas prix. Le Gendre ne se laissa pas faire, et déccrocha dans la mâchoire du commerçant un poing assez bien dosé en force pour que le pauvre homme ne se relevât plus jamais. C'est ainsi qu'il découvrit ses talents indéniables de boxeur, puis qu'il décida d'en faire son métier ; quatre ans plus tard, il était sur le ring en compagnie des plus célèbres, qu'il abattait un par un grâce à sa fameuse droite. Il enchaînait ainsi les duels avec un appétit et une rage dignes des plus grands guerriers de notre histoire, qui le poussaient souvent à tuer ses adversaires. Personne n'osait cependant aller à l'encontre de ses violentes folies, par peur de s'y heurter dangereusement - on sait combien les hommes ont toujours préféré l'intégrité physique de leur tête à celle, instable, de leur morale.

Dans toutes les contrées traversées par Le Gendre, il n'avait existé qu'un idiot capable de le mettre à terre. Cet idiot-là s'appelait Henry, était fort élégant, et appréciait boire une coupe de Saint Emilion Troplong Mondot 2006 après chacune de ses parties de dames. Après une grande soirée de déléctations en tous genres, tenue en sa gigantesque demeure toute palquée or, où il avait connu la malchance d'abuser aussi bien de vin que de femmes, il entendit toutes les rumeurs qui circulaient alors sur Le Gendre, et eut par-là la bonne idée de se dresser debout sur une table, de brandir son verre vers le plafond, et de hurler de toute sa voix des insanités en tous genres sur le boxeur de renommée mondiale, disant qu'il ne valait rien de plus que le dernier des bourreaux ardéchois, à tuer tout le monde comme ça, sans manières, et que s'il était ce boxeur, il se serait de honte sectionné les poings depuis longtemps, ces poings qui avaient provoqué impunément la mort non-méritée d'au moins un quart de notre noble pays, non mais vous vous rendez compte, un quart, et des pauvres hommes en plus, qui avaient dû ruiner leur famille en frais d'obsèques, et ce sale môme au nom ridicule continuait à frapper tout le monde sur son passage, répandant le sang des autres partout sans songer à la pureté du sien, et que sa mère, qu'on disait pute, avait une tâche bien plus respectable que lui, car elle au moins sauvait quelque chose : le coeur des hommes perdus, et qu'il irait voir ce boxeur dès que possible et que ce dernier devrait se confesser à ses pieds en bonne et due forme, sinon quoi il prendrait dans l'arrière-train quelques charges du fusil coupé qu'il cachait sous son oreiller. Le pauvre ivrogne avait oublié que parmi tous ses invités se trouvait Le Gendre, qui passait par là pour disputer un match avec un tigre du Bengale galeux qu'on avait attrapé au Japon. Le boxeur, impassible, s'approcha doucement de la table sur laquelle s'était dressé Henry, et, posément, lui déclara son identité : “Le Gendre, c'est moi.” Henry baissa les yeux, aperçut la corpulence bigrement hérculéenne de son adversaire, puis blêmit au point d'en faire trembler ses jambes. Pendant que les convives étaient occupés à rire de la drôle de situation dans laquelle leur hôte s'était fourré, Le Gendre montait tranquillement sur la table pour se mettre en face de l'idiot, qui essayait vainement de se rattraper en chantant des prières musulmanes. Le poing dévestateur du fils de Georges allait surgir, quand, pris de panique, Henry se jeta sur lui, le rouant d'une centaine de coups affreusement peu puissants. Mais, par le hasard le plus providenciel, l'un de ces coups atteingnit les énormes testicules du boxeur qui s'étalla sur la table, et régurgita toutes les huîtres de son repas sur la belle nappe de soie blanche. Ces dernières, s'étonnant d'une libération si peu espérée, se mirent à respirer de toutes leurs forces à travers le peu d'eau de mer qui restait piégé dans le vomi du Gendre.

Haha ! s'exclama Henry qui avait repris sa vigueur alcoolique, tu fais moins le malin, maintenant !” En effet, le pauvre athlète, défait, faisait moins le malin. Henry, maintenant du pied une certaine pression sur les parties de l'homme abattu, lui fit sur-le-champ se confesser en bonne et dûe forme. Pour se libérer, Le Gendre dut même inventer quelques péchés, ce qui fut long et laborieux, étant données ses faiblârdes capacités imaginatives. Cet épisode, en plus de sidérer les invités de la fête qui n'osaient plus bouger et qui cassaient des verres de stupeur, changea la vie du Gendre qui se reclut pour ses dernières années dans une maison de campagne au bord du Verdanson, et mourut deux ans plus tard.

Si la descendance de George se partagea honteusement entre le mutisme imbécile et la rage meurtrière, on ne sut jamais ce qu'il advint de celle de Nom, pour la bonne raison qu'on ne sut jamais s'il en eut une, pour la bonne raison qu'on ne sut pas s'il était mort lors du précédent épisode. Mais par bonheur pour vous, chers lecteurs, je ne m'inclus pas dans ce “on”, pronom trop impersonnel s'il en est, et vais continuer de vous conter la Grande Histoire sans fin de Nom, qui jusque-là était connue de la majorité de la population terrestre, mais qui, depuis-là, ne l'est plus.

jeudi 5 novembre 2009

La Grande Histoire sans fin de Nom, deuxième feuillet.

Image-résumé de l'épisode précédent :

C'est ainsi que le contenu de son estomac se déversa au pied
des chaussures en cuir noir rescemment lustrées de son frère aîné
lorsque celui-ci, impassible, lui anonça l'arrivée à la maison
d'une machine à écrire.


Georges – car tel était le nom du grand frère de Nom – n'était pas très rassurant. Rien ne le prédestinait aux noblesses de l'écriture, hormis son goût prononcé pour les haricots blancs au beurre, que l'on disait à l'époque met favori des tailleurs de costumes en lin, et des écrivains.

La petite taille de Georges, et son faible poids à la naissance, lui valurent son affreux prénom, choisi par son père en référence à une de ses lointaines connaissances qui, après s'être fait raboter les jambes par un chirurgien-dentiste, était tombé dans une profonde phase d'anorexie de laquelle il ne fut tirée que par la bienveillance quelque peu douteuse de sa jument de course qui s'appelait Pamela. Évoluant dès ses premiers jours dans la haine indicible qu'il cultivait sans relâche envers son baptiseur, le petit enfant ne pleura que deux fois : quand on lui remit son passeport, puis quand on lui refusa un changement d'identité qu'il avait pourtant supplié de toutes ses mains et de toute sa dévotion. Ainsi ne se conforma-t-il à l'éducation pénible et rigoureuse de son géniteur que pour mieux fomenter l'exil de ce dernier. Un soir, alors que l'hiver s'éternisait depuis quatre ans déjà, n'ayant jamais permis à Georges de voir autre chose que de la neige, le bambin décida, grâce à toute la précoce clairvoyance que lui avait accordé on ne sait qui – mais certainement pas Dieu – de déterrer sa flasque de Bourbon, seul cadeau de naissance qu'il eut reçu, puis d'en remplir discrètement le verre de son père déjà attablé. L'homme, aussi peu crédule qu'attentif aux maligneries d'un gamin de quatre ans, but son breuvage d'une traite, sans s'étonner de sa texture. Quelques minutes plus tard, il s'en fut, par un miracle bien orchestré, s'insérer allègrement dans sa femme aux seins déjà flasques, produisant irrémédiablement l'amas cellulaire à l'origine de Nom. C'est ce jour précis que Georges découvrit l'étendue de sa diabolique imagination, et de tous les pouvoirs qui en découlaient. Il s'évertua dès lors à passer des nuits et des jours entiers à plonger ses pieds nus et crasseux dans la mare du jardin, prétextant devoir les laver, et s'octroyant de la sorte des centaines d'heures de repos et de tranquillité tout propices à l'élaboration de nouveaux stratagèmes machiavéliques. On lui reconnaît aujourd'hui l'invention de la Farce de Maître Pathelin, de la Solution Finale et d'autres œuvres destructrices majeures comme le Krach Boursier de 2008 ou la Grippe A. Il obtînt en 2084 le Prix Nobel du Foisonnement Empirique d'Idées de Plans Diaboliques, qu'il refusa pour la bonne raison qu'il voulait celui de la Littérature – qui, je le rappelle pour mes lecteurs, n'existait plus depuis bien longtemps à cette époque, substitué en 2010 par celui du Petit Doigt de Pied le Plus Impressionnant. C'est aux côtés de la mare du jardin que Georges développa un amour inconditionnel pour les animaux, notamment pour les grenouilles dont il appréciait, selon ses dires, “la forme verte, la couleur gluante et la texture arrondie sur le dessus”. Il faisait évidemment exprès d'intervertir ainsi ses substantifs et ses adjectifs, pour, disait-il encore, “qu'ils ne s'habituent pas trop l'un à l'autre et ne me fasse des rejetons qu'il faudrait vendre, ou bien noyer”. Il s'habitua ainsi, peu à peu, aux habitudes des mots, connaissant les goûts et les fréquentations de chacun, mais aussi les maladies qu'ils étaient susceptibles d'attraper, et leur vilaine façon de toujours rester sur le bout de sa langue, au lieu de venir dans sa tête quand il le leur demandait gentillement. Il apprit à les répartir de manière équitable, voire indiscutable, sur ses feuilles de papier. Après le départ de son père, il décida d'acheter un nouvel encrier, plein d'une encre noire qui lui donnait l'impression de percer son parchemin à chaque lettre. Il n'avait alors atteint que son unième fois dix puissance un printemps, et parachevait l'éducation de son petit frère aux yeux jaunis par un foie déjà défectueux. Revenant du magasin d'encriers avec son nouveau bijou, il rencontra, au détour d'une maison de brique – dans laquelle se trouvaient trois petits cochons – une merveilleuse folâtre au corps d'albâtre, nue et coquine sous le voile de sa virginité. Celle-ci le saisit d'une telle force, et d'une telle hardiesse, et à un tel endroit, qu'il ne put empêcher l'encrier de choir. Lorsqu'il revint à la maison, l'échine toute pliée par la honte et l'incertitude à la fois, sa mère le soupçonna d'être allé fumer du tabac froid avec les petits voisins de droite, mais il lui conta son aventure avec une telle prose, et une telle précision, et d'un tel ton, qu'elle lui répondit simplement qu'il venait de subir une “masturbation”, et qu'il en avait, de la chance. Agaillardi par ce nouveau mot si riche, aux sons si variés, il conserva le petit encrier noir jusqu'à la fin de sa vie, le gardant pour les occasions, et se mit à écrire de plus en plus d'histoires en tous genres, ne se limitant ni dans le style, ni dans l'ortographe qu'il avait depuis peu appris à nier.

Le fameux jour du catalogue et de la machine à écrire, son petit frère était dans la cuisine, suspendu à la barre du rideau de douche, et s'amusait à réciter des leçons, puisqu'il ne faisait que ça, sauf quand il décidait de manger, de boire ou de dormir. Ne se souvenant plus de la maxime cent vingt-trois de La Rochefoucault, qui, pour tout vous avouer, n'a aucun intérêt, il décida de se décrocher de son perchoir afin de mieux quérir Georges, et de lui tirer un quelconque renseignement sur cette maxime cent vingt-trois, qui parlait vaguement, si son souvenir était bon, de flatterie. Nom avait remarqué à quel point les yeux de son aîné s'illuminaient quand il se mettait à réciter la cent vingt-trois, et pensait par là que Georges devait cacher une passion pour La Rochefoucault, passion explicable par le point commun qu'ils partageaient indéniablement : la laideur de leur nom. En réalité, les yeux de Georges brillaient parce que la cent vingt-trois lui rappelait les vertus de la masturbation partagée. Le benjamin était donc à la recherche de son grand frère, mais il avait beau parcourir la maison en long, large, travers, dessus, dessous, travers encore, un peu de long supplémentaire, haut, bas, droite, gauche, attention devant, il ne le trouvait pas, pour la simple raison que Georges était en train d'aller poster son bon de commande. Quand ce dernier revint en courant, haletant et suant, Nom l'accueillit avec une joie rapidement atténuée par celle, plus inquiétante, de son frère. S'en suivit l'histoire que vous connaissez déjà ; vous savez, celle du vomi. Puis, à la question existentielle et pleine d'anxiété de son petit frère, Georges répondit par l'affirmative. Se vidant à nouveau, mais sur la pompe droite cette fois-ci, Nom perdit connaissance, et on ne sut pas vraiment s'il était mort, et on ne connut pas vraiment les raisons mystérieuses de sa grapheusophobie.

mercredi 4 novembre 2009

Un peu de son.

Comme souvent, et comme beaucoup de monde, j'ai du boulot pour le lycée. Comme souvent, et comme beaucoup de monde, je peine à m'y mettre.
Merde, comprenez-moi ! Il y a tant de choses, partout, qui éveillent tellement plus ma curiosité et attirent tellement plus mon attention qu'un rébarbatif devoir d'histoire-géo... Tiens, à peine j'écris ça que mon regard se fait happer par le boîtier de mon violon, nonchalamment étalé sur le bord de mon lit. Ô, Seigneur, si t'es sage je te donne un gâteau : arrête de me tenter ainsi ! Fais-moi me concentrer sur les inévitables questions auxquelles je dois répondre pour vendredi ! Il m'écoute pas.
Tant pis ! tant pis. C'est pas ma faute. Je vais devoir me résigner à demi-glander, en attendant que quelqu'un ou quelque chose me donne un peu de courage. Et, autant utiliser cette glande, un minimum, en la partageant... Non ?...
Bref, voilà ce que je fais, quand je fais rien :



Excusez la mauvaise qualité sonore. Mon micro vaut 5€.
Et ne vous moquez pas de moi ; je sais pertinemment que je suis ridicule dans ce fichier audio. Saluez plutôt la force surhumaine grâce à laquelle j'ai pu vaincre ma honte et diffuser cette connerie aux oreilles de tout le monde.

Sinon, pour en venir à la musique en elle-même, il est vrai que ce que je vous fait écouter là est très court, mais mon but n'était pas de composer un morceau. Je teste juste les possibilités que peut offrir la superposition de pistes en violon, l'ouverture que ça offre à l'improvisation, etc. Je suis loin d'être le premier à expérimenter ça ; c'est aussi vieux que les technologies musicales. Il existe d'ailleurs un artiste que j'apprécie pas mal, qui utilise entre autres ce procédé, pour faire des musiques électroniques sympa : c'est Chapelier Fou (son Myspace ici : http://www.myspace.com/chapelierfou).