Ce soir, par le hasard qui fait les
choses, j'ai vu une fille.
Je lui dis que moi et mes amis, là,
derrière, sommes des artistes. Elle me dit qu'elle est avocate. Son
amie la reprend, elle acquiesce. Elle est psychothérapeute, non,
elle est psychiatre. « Psychiatre ? », je lui dis,
« oui, addictologue, en fait », elle me répond.
« Tu me filerais du Valium
alors ?
– Non, par contre je peux te vendre
de la MD.
– Ah, tu vends de la MD.
– Ouais, mais j'en vends juste à UN
seul événement, et c'est... bah tiens, t'as de la chance parce que
c'est ce dimanche, là. C'est sur une péniche, dans une boîte, je
sais pas si tu la connais...
– Tu vends de la bonne MD ? Je
suis sûr que t'en vends pas de la bonne.
– Ah si si, je la prends moi-même
alors je sais, c'est de la bonne.
– T'es sûre ?
– Ouais. J'en prends pas mal, mais
bon, pas trop, genre un par... mois.
– Tu te fais des paras de combien ?
– Hein ?
– Tu te fais des paras de quelle
dose ?
– Bah je sais pas, je dirais – pas
un milligramme quand même parce que ça fait beaucoup mais...
– Des paras de 0,2 ?
– Non. Plus. Bah tu vois, genre je
prends un para de 20 euros – je la vends 20 euros – et je le
divise en trois, tu vois, genre, trois bons.
– Ouais tu fais des paras de 0,33.
– Non, plus, plus.
– Bah tu vends un G à 20 euros et tu
le divises en trois.
– Ouais voilà. Et genre un para
c'est, ouaaaah, c'est franchement ouf. Tu vois j'ai des potes qui en
prennent genre deux fois par semaine de la mienne et ils on
franchement aucun problème, ça leur fait rien – c'est de la bonne
MD. Et genre 20 euros ça va nan ?
– Bah ouais, ouais, si tu vends un
gramme à 20 euros c'est plutôt cool... Et, par hasard, si t'as des
potes qui cherchent de la DMT, j'en vends.
– Oulaaah, non non pas ça. Haha. Moi
c'est juste MDMA, MDNA, MDF, mais genre heu...
– Tu veux dire MDA ?
– MDA ? Mais c'est EXACTEMENT la
même chose que la MDMA.
– T'es sûre ?
– Ouais c'est la même chose. C'est
mon frère qui me les sort direct du labo alors je sais.
– Ouais, ouais.
La conversation se fait happer, des
potes à elles lui parlent. Le tête à tête devient un petit
regroupement. Je n'écoute pas ce qui se dit, mais je la vois un
moment moins occupée par la discussion. Vicieusement curieux, je
tente :
« Si je te dis méthoxétamine ?
– Ah non non, moi je dis pas ça moi.
Je prends pas ça moi.
– Ah ouais mais pourquoi ?
– C'est classe C.
– Classe C ?
– Ouais, y a des classes pour la
drogue, tu sais pas ?
– Vas-y, explique-moi.
– Ouais je t'explique : classe
A, c'est tout ce qui est cannabis, haschisch, shit, etc. Après t'as
la classe B c'est l’ecstasy, amphétamines. Et classe C c'est tout
ce qui est au dessus, LSD, héroïne, coke...
– Et en quoi tu peux dire que la
méthoxétamine c'est classe C ?
– Bah c'est de la méthamphétamine
c'est classe C.
– Non ça a rien à voir.
– Si, c'est une meth. C'est des
meths.
– Ouais okay. »
Une pote à elle intervient :
« Franchement j'aime pas quand tu dis n'importe-quoi comme ça
sérieux... » ; la fille lui répond qu'elle ne comprend
pas. « Mettre ensemble l'héroïne et la coke sérieux tu peux
pas.» Je la saisis par l'épaule et lui dis : « ouais, je suis
d'accord avec toi ». La pote ne fait pas attention, elle
insiste : « Tu dis n'importe-quoi ça m'énerve. »
« Mais c'est classe C, c'est tout, c'est ensemble. » –
j'insiste aussi : « Je suis d'accord avec ta pote. » ;
la pote continue : « Arrête, arrête de dire des
conneries. »
Moi de lancer un petit « bon »,
concluant.
La pote qui met sa veste et se casse.
Ça ne discute plus trop, et la
première fille ne comprend pas. « Elle va bien ?... J'ai
dit quelque chose qui fallait pas ou quoi ? »
CLASSE C NEGRO, CLASSE C. Dis lui que sa classe C contient quasiment toutes les drogues si elle met dedans tout ce qui est substitué avec un groupe methyl. Ahah.
RépondreSupprimerDe toutes les façons, vaut mieux en rester à la classe A, sinon c'est l'escalade. KEEP IT SAFE.